Alpha Go, le programme informatique développé par une filiale de Google nommée Deep Mind, vient de battre le Sud-Coréen Lee Sedol, champion du monde du jeu de go, au terme d’un match suivi en ligne par plus de 100 millions de personnes. C’est une avancée fondamentale dans les progrès de l’intelligence artificielle, puisque Alpha Go ne se contente pas de calculer une infinité de positions possibles, mais développe ses propres intuitions grâce à des algorithmes qui lui permettent d’apprendre à partir de ses expériences (et de celles des autres joueurs).
La question que pose plus largement Deep Mind est celle de l’intelligence artificielle : d’algorithme en algorithme, les robots seront-ils un jour capables de penser et/ou de s’émouvoir, comme le C-3PO de Star Wars ?
On s’en est longtemps tenu au dualisme établi par Descartes : notre corps, cerveau inclus, est un simple automate, une « machine qui se remue de soi-même » ; mais l’âme, et la liberté qu’elle nous confère, ne peuvent y être réduits. Du côté de la matière, il n’y a donc « aucune différence entre les machines que font les artisans et les divers corps que la nature seule compose ». L’amour lui-même a une cause purement mécanique : dans une de ses Lettres à Chanut, Descartes avoue ainsi avoir un faible irrépressible pour les « personnes louches » (myopes) car enfant, il aimait une fille qui était un peu louche, et que « l’impression qui se faisait par la vue en mon cerveau » lui en est restée… En revanche, l’âme se trouve en retrait dans la célèbre « glande pinéale », isolée du monde des passions. Autrement dit, Alpha Go peut calculer, anticiper, sentir, aimer peut-être, mais ne sera jamais doté de la conscience de soi.
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