Mais l’histoire avance, avec ses conflits sans cesse répétés. Pourquoi alors ne pas imaginer une « souveraineté des souverainetés », un droit supérieur qui unifie les nations comme les nations unifièrent les individus ? C’est la proposition de Kant dans son Idée d’une histoire universelle, qui formule le projet, voué à un long et difficile avenir, d’une société des nations, « dans laquelle chaque État, même le plus petit, pourra attendre sa sécurité et ses droits non de sa force propre ou de son appréciation juridique personnelle, mais seulement de cette grande société des nations (Foedus Amphictyonum), de l'union des forces en une seule force et de la décision, soumise à des lois, de l'union des volontés en une seule volonté. » Dans le monde du droit international, on comprend que la souveraineté devienne une « illusion » pour reprendre l’expression de David Cameron, dont le pays est déjà membre de nombreuses organisations intergouvernementales.
On aurait toutefois pu penser qu’au 21e siècle, la notion était destinée à évoluer. Dans son ouvrage majeur Empire, le très controversé philosophe Toni Negri estime que notre postmodernité tend à effacer la notion d’Etat souverain au profit d’un Empire mondial – Empire sans Empereur, diffus, irrésistible, auquel s’attache une souveraineté impériale, globale, qui entretient au sein d’elle-même une infinité de conflits et de crises.
Le Brexit, ultime sursaut de débats surannés, inadaptés aux réalités de cet Empire devenu le terrain de jeu des GAFA comme des terroristes ?
|