A l’inverse, les tenants du « transhumanisme » militent pour l’avènement d’un homme nouveau, maître de sa destinée et de ses gènes. Ils pourraient utilement s’inspirer d’un humaniste de la Renaissance, Pic de la Mirandole. En comparant l’homme à un caméléon dans son traité sur la Dignité humaine, Pic de la Mirandole lui donne la responsabilité de se définir lui-même. La nature de l’homme, c’est de n’en pas avoir ; sa dignité, de se construire seul. Voici ce que Dieu dit à l’homme sous la plume de Pic : « Si nous ne t'avons fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, c'est afin que, doté pour ainsi dire du pouvoir arbitral et honorifique de te modeler et de te façonner toi-même, tu te donnes la forme qui aurait eu ta préférence. Tu pourras dégénérer en formes inférieures, qui sont bestiales ; tu pourras, par décision de ton esprit, te régénérer en formes supérieures, qui sont divines. » Notre vieil humanisme rejoindrait-il ainsi le transhumanisme ?
Les questions bioéthiques qui vont s’ouvrir dans les prochaines années sont gigantesques. Pour y répondre, il nous faudra décider si, oui ou non, l’homme peut devenir caméléon…
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