La tradition jusnaturaliste. Thomas Paine, un penseur britannique qui participa à la fois aux révolutions américaine et française, appela dans son livre Justice Agraire (1795) à dédommager les citoyens de la perte de leur héritage naturel, en leur offrant à leur majorité une importante somme d’argent. La civilisation, malgré les progrès qu’elle permet, nous a privés de la portion de terre à laquelle nous avons tous droit en partage : il faut donc établir une forme de compensation commune. « Je me moque de savoir combien certains se sont enrichis, écrit Paine, du moment que personne n’est devenu indigent en conséquence. »
La tradition libérale. Si l’homme doit être libre de ses choix et responsable de ses actes, il faut aussi lui donner les moyens d’exercer son libre arbitre. C’est pourquoi Milton Friedman, économiste emblématique de l’école de Chicago, proposa au chapitre 12 de Capitalisme et Liberté la mise en place d’un filet de sécurité universel (resté célèbre sous le nom d’ « impôt négatif »). Plutôt que de multiplier les allocations spécifiques, paternalistes et conditionnelles, l’assurance de disposer d’un revenu minimum permet d’éradiquer la misère, tout en laissant chacun prendre ses propres décisions, sans se sentir stigmatisé. « Un tel système, explique Friedman, aide l’individu de la manière la plus efficace : en lui donnant du cash. »
Socialistes, sociaux-démocrates et libéraux, tous unis pour le revenu universel ?
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